dimanche 19 avril 2009
En l'honneur de ce 19 avril, pour mon amie Véronique, ces quelques lignes. Véronique, qui est un cœur pur (Cf. La chanson de Caussimon), comme l'on n'en fabrique plus guère, hélas.


Nous avons revu hier soir Brigadoon.
Gene Kelly est en retrait ici : on sent ce flottement autour de lui tout au long du film, mais Brigadoon n'en demeure pas moins un émouvant hymne à l'amour fou, pour lequel on doit tout donner - et c'est bien normal car il donne tout en retour. J'aime infiniment l'idée que la foi absolue en quelque chose d'impossible ou de très improbable fasse advenir cette chose. Si, un jour, je devais perdre tout à fait cette foi extrême - naïve aux yeux des grandes personnes, certainement, mais que celles-ci envient en secret à ceux qui en sont détenteurs -, je mourrais. Bien souvent, je pense à James Stewart et à son lapin (son pooka), Harvey. Hé bien, il n'est pas invraisemblable qu'il ait fait, sans le savoir, un émule...Et si j'aime tant Barrie et l'Écosse, c'est parce que cela me conforte dans cette invincible folie, qui consiste à ne pas pactiser avec la normalité avec laquelle d'ailleurs je n'ai jamais rien eu en commun, il faut bien le reconnaître : enfant, j'étais un vieillard ; adulte, je suis une enfant. Et si j'aime tant certains de mes amis, c'est parce qu'en chacun d'entre eux il existe, qu'ils en soient conscients ou non, une parcelle de déraison, plus ou moins importante. Cette île en eux se nomme Poésie. Ils viennent à elle dans la barque qui porte Prose pour nom. Le danger est de croire que le voyage a simplement pour destination la fin estimée du voyage. On risque de perdre Poésie de vue. Poésie est dans l'intervalle. Le miracle tient dans la flamme d'une chandelle.

Barrie exalte ceci en moi mais il ne voile jamais rien du tragique de notre condition.

En partance pour Brigadoon, je vous convie à mes côtés à ce voyage vers le pays du jamais qui est aussi le pays du toujours.

Ce film de Minnelli emprunte - je l'ai souvent rappelé, à divers endroits - certains de ses traits à des histoires écossaises de James Matthew Barrie, au folklore magnifié par la plume tenue par la main droite ou gauche du spécimen scots qui a volé mon esprit, et en particulier à sa pièce, Mary Rose. Il y aussi le prénom du personnage principal - Tommy - ou encore l'idée de la bruyère blanche, qui à mon sens ne sont pas de simples coïncidences...
Lire ceci, pour savoir d'où provient la bruyère blanche évoqué dans Brigadoon selon le très romantique Barrie qui met en scène Bonnie Prince Charlie et donne à saisir à travers Julie Logan une émanation de Flora MacDonald - à peine entre les lignes :

"À une occasion, ils dirent : « La Personne Qui Était Avec Lui », comme s’il n’était pas prudent d’en dire davantage. « Lui » était l’Étranger qui passait, aux yeux du pauvre d’esprit, comme le Chevalier en personne. On dit de lui qu’il a séjourné dans le glen pendant un moment au cours du mois de juillet, fiévreux et si harassé qu’aucun ami n’osa se rapprocher de lui avec de la nourriture de crainte qu’il ne fût capturé. Je n’ai pas vu cette cachette, mais le docteur m’a dit qu’elle existe encore et n’est rien d’autre qu’un repaire, niché sous ce que nous appelons un abri, un refuge pour les moutons. À l’origine, c’était probablement l’embouchure du terrier d’un renard, élargi à coup de dague. S’il a jamais existé, le repaire a depuis longtemps été comblé avec des pierres, qui sont tout ce qui rappelle la résidence royale.
Les moutons s’abritent à nouveau dans ce refuge, mais il n’y en avait aucun au temps du Prince, s’il vint jamais ici. Pas plus, si l’on se fie aux histoires, que l’on ne pouvait lui apporter de la nourriture. Dans ces conditions, il avait été sauvé par la mystérieuse Personne Qui Était Avec Lui.
Bien sûr, la légende veut qu’elle fût jeune et belle , de haute naissance, l’aimant beaucoup. Elle le nourrit avec l’aide involontaire des aigles. La Roche aux Aigles, qui n’est pas loin de l’abri, est une masse imposante, que les ghillies prétendent inaccessible à un homme qui entreprendrait de l’escalader - à cause de ce que l’on appelle la Pierre de Logan. Aucun aigle ne fait son nid ici de nos jours ; ils sont tombés sous les balles de leur ennemi moderne, les garde-chasses, qui jurent qu’un couple d’aigles ramènera une centaine de tétras, ou plus, à leur nid, afin de nourrir leurs petits.
À cette époque, il y avait un nid d’aigles au sommet du rocher. L’escalade est périlleuse, mais de nos jours les gens robustes peuvent monter jusqu’à la Pierre de Logan, d’où ils font ensuite marche arrière. Il y a des pierres de Logan, m’a-t-on dit, tout autour du monde et ce sont des pierres qui se balancent. On dit qu’il est possible de les voir se balancer dans le vent et, pourtant, elles sont là depuis des siècles. Un tel monstre se tient au sommet de notre Roche aux Aigles et vous ne pouvez atteindre le sommet sauf en l’escaladant mais vous pouvez sauter. Par deux fois des hommes du glen ont sauté et elle les a rejetés. Néanmoins, l’histoire veut que cette Personne Qui Était Avec Lui se soit faufilée à travers le noir, entre les chercheurs, et ait atteint le sommet par le chemin de la pierre de Logan. Puis, après quelques bagarres avec les aigles pour le gain de leurs possessions, elle aurait ramené en bas quelques jeunes tétras pour son seigneur.
Au dire de tous, il s’agissait d’une jeune fille et, dans le glen, la bruyère blanche est le symbole de son ancienne présence. Avant sa venue, de bruyère blanche on n'avait jamais vu le moindre brin, et elle est donc supposée - ceci n’a pas le moindre sens - être la trace de ses jolis pieds nus.
La bruyère blanche lui porta peu chance. Dans cette fuite rapide et peut-être ensanglantée, elle fut laissée en arrière. Rien de plus ne circula à son sujet, excepté que, lorsque son seigneur et maître embarqua pour la France, il demanda à ses highlanders « de la nourrir et de l’honorer comme elle l’avait nourri et honoré. » Ils furent loyaux bien que malavisés et j’ose croire qu’ils auraient accompli cette tâche s’ils l’avaient pu. Certains pensent qu’elle est dans l’abri, dans le trou sous les pierres, et qu’elle attend encore. Ils disent que, peut-être, il y eut une promesse."

Adieu Miss Julie Logan (la dernière histoire de Barrie, que j'ai également traduite et qui attend une publication...)
{ Trad. Céline-Albin Faivre avec l'aide et la complicité de son ami "Parker Ogilvy"- ne pas reproduire sans mon consentement. }

Hier, entre autres emplettes à l'usage de l'Écosse, nous avons acheté le dernier disque de Jordi Savall

et je l'écoute depuis quelques heures. Une extase. Il va rejoindre mes bagages, car toute l'Écosse mais aussi l'Irlande sont contenues dans ce disque. Et il y a des réminiscences ici et là de Bonnie Prince Charlie. J'aime que tout soit lié dans mon existence.
Vous pouvez écouter des extraits ici.

Je vous offre à tous, mais en particulier à Véronique, son "Prince Charlie's Last View of Edinburgh" :
savall

Je vous dis au revoir. N'oubliez que la vie... est exactement ce que l'on décide qu'elle sera. Je l'avais oublié ces derniers mois.
C'est terminé. Je sais exactement ce que doit être ma vie et je n'ai plus peur. C'est aussi simple que cette déclaration de foi.

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Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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