mercredi 26 mars 2008
D'abord une librairie de province comme il n'en existe plus guère, une main qui erre, un regard affamé, puis une couverture qui s'impose. Une couverture
qui triche un peu avec la réalité, qui donne une inflexion, comme il est souvent d'usage pour une couverture digne de ce nom.
Le tableau de John Singer Sargent (The Misses Vickers) est amputé d'un personnage.

Escamotage, disparition, arrangement avec la réalité.
Fiction.
Prémonotion du contenu du livre.
Et puis une lecture, celle d'un livre, petit et magistral, qui possède sa perversité propre - qualité essentielle en littérature, car il s'agit bien de cela.
Jeu de rôles et jeu de dupes, où les diverses strates de l'écriture et du réel énoncé sont reduites à une seule. Illusion d'optique. Quelque chose soulève ici et là la croûte des mots. Rôle discret de la ponctuation qui permet ce jeu, plus sérieux ou tragique que l'on ne pourrait le croire. Techtonique des épaisseurs textuelles.
Un journal, qui est aussi le livre que nous lisons, mais qui n'est déjà plus lui. Glissement perpétuel. Exercice de prestidigitation presque invisible. Pensée de la narratrice qui se dissimule et s'expose.
Où est la réalité ?
Combien de draperies entourent le noyau du texte ?
Qui ne parle pas dans ce livre ?
Ne rien dire du livre. Souffler une envie pour le passant. C'est tout. Je me tais.

Il existe encore un peu de littéraire, dans notre société de consommation, où les modiques écrivains se font cyniques visiteurs de commerce pour vendre leur mignon bonheur moite ou leur petit caca enrobé d'un glaçage pâtissier. Au hasard, un nom parmi cette confrérie des médiocres : l'exécrable et nullissime Anna Gavalda, qui met le Harlequin à la portée des gens bien, qui n'ont plus idée d'avoir honte de leurs lectures - triste exemple parmi de nombreux autres Marc Levy et Amélie Nothomb, cette dernière n'étant pas encore la pire... -, mais quand on perd la gêne de ses faiblesses de lecteur ou d'écrivain, tout est, hélas, permis ! Et ceci vaut aussi pour le cinéma français contemporain... et pour la culture en général.

Mais il existe des ailleurs.
Tout n'est pas encore perdu.
La preuve.

Une lecture enchantée, un dimanche, de cet écrivain que je ne connaissais pas et qui possède grand talent. De quoi me réconcilier, un moment, avec la littérature française contemporaine.

Fragments :

"En ville, la lumière est trop crue, tandis que Lord Auskin recherche la brume et le silence pour voir moins. Parfois, il me fait penser aux canaris qui chantent dans la serre. Ils chantent et leur chant semble beau, parce qu'on leur a crevé les yeux. Je me demande alors, en les écoutant, ce qui est le plus cruel : la lumière blanche des villes ou les épingles des campagnes ?" (p. 21)

"Je viens d'acheter plusieurs rames de beau papier chez le libraire. Je vais coudre des feuillets ensemble pour m'en faire de nouveaux cahiers, dans lesquels je noterai tout ce qui me semblera digne d'intérêt. J'utiliserai, pour réaliser ce petit oeuvre, l'aiguille et le fil qui me servent à rapiécer mes vêtements. J'aurai ainsi l'impression de coudre ma pensée aux entournures du monde extérieur." (p. 34)

Quatrième de couverture : ici.

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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