lundi 30 avril 2007
Strath View. Je ne sais pas si ces mots signifient quelque chose pour beaucoup de gens en France. Mais, pour moi, c'est en soi une invitation. Recevoir un carton aux bords dorés et calligraphié, expédié par la Reine d'Angleterre elle-même, me ferait moins d'effet !

Cette invite m'est offerte, spontanément, par la propriétaire des lieux, que j'appelle de France pour convenir d'un rendez-vous. Il faut préciser que mon ami Robert Greenham a orchestré tout ceci et qu'il m'a fait un inestimable cadeau d'anniversaire en jouant ce rôle d'entremetteur. J'y crois à peine lorsque mon mari frappe avec le lourd marteau de la porte. Mais ma bienfaitrice arrive dans notre dos et me souhaite d'emblée un "Happy Birthday".

Sheila (dont je respecte la tranquillité en ne la nommant pas davantage) est une personne délicieuse, cultivée, passionnée, d'une générosité rare, et une barrienne d'excellence, puisqu'elle fut le conservateur de la maison natale de Barrie (au 9 Brechin Road, où je vous conduirai bientôt en vidéo). Elle habite depuis fort longtemps la maison de Barrie, sa seconde maison à Kirriemuir. Il y emménagea en 1868. Plus tard, ses parents déménagèrent à Forfar, mais la maison demeura dans la famille, puisque le frère de Margaret Ogilvy (la mère de Jamie), un ministre (pasteur), l'acheta et laissa ensuite le premier étage aux Barrie. Sheila me précise que cette maison fut plutôt une maison heureuse pour Barrie.

Vous ne saurez jamais mon sentiment lorsque je vis le haut de la cheminée en bois sculpté par la soeur de Barrie ou lorsque je pénétrai dans la petite chambre ronde du haut, où Barrie fut marié par son oncle. C'était la pièce préférée de Margaret Ogilvy. Je l'imagine assise dans un coin. Il reste un petit objet en verre bleu de cette époque, que Sheila dépose entre mes mains. Je tremble légèrement, de plaisir.

Sheila est digne d'habiter ce lieu, car à sa manière elle entretient l'esprit de la maison (bien sûr que les maisons ont une âme et des souvenirs !) et la mémoire, d'une piété discrète, sans ostentation, mais réelle. Je sais reconnaître la sincérité lorsqu'elle est aussi éclatante. Il y a sur un mur une petite tapisserie en couleur qui représente le rideau de la pièce Peter Pan,


une jolie réplique qu'elle a brodée et qui fait sonner minuit dans mon coeur. Tous les détails y sont à l'identique, en miniature. Les noms d'Andersen, de Charles Lamb ou de Lewis Carroll répondent présents à l'appel du passé. Ceux qui me lisent ont souvent croisé une ou deux silhouettes ici même.


Lorsqu'elle acheta la maison, elle ignorait tout de son illustre prédécesseur. Un jour, en découpant de la vigne vierge apparut une plaque


sur laquelle était gravé le nom bien connu de mes lecteurs et elle se sentit le devoir de faire connaissance avec l'ancien propriétaire des lieux. Ceci en dit long sur le beau caractère de cette femme.

Je tairai tous mes émotions qui me prennent encore à cet instant en tenaille.

Merci Sheila pour ces instants. Tout simplement. Merci d'avoir subi mon anglais cassé et de m'avoir ouvert votre intimité.

Lorsque je lui demandai si elle avait ressenti la présence du fantôme du Barrie, elle me cita deux cas très précis et fort troublants, dont je ne révèlerai rien ici. Mais Jamie s'est manifesté. Ou il nous plaît de le croire et cela revient au même.






envoyé par misshollygolightly



"This is Jess's window.


For more than twenty years she had not been able to go so far as the door, and only once while I knew her was she ben in the room. With her husband, Hendry, or their only daughter, Leeby, to lean upon, and her hand clutching her staff, she took twice a day, when she was strong, the journey between her bed and the window where stood her chair. She did not lie there looking at the sparrows or at Leeby redding up the house, and I hardly ever heard her complain. All the sewing was done by her; she often baked on a table pushed close to the window, and by leaning forward she could stir the porridge. Leeby was seldom off her feet, but I do not know that she did more than Jess, who liked to tell me, when she had a moment to spare, that she had a terrible lot to be thankful for."


TO BE CONTINUED...

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  • Ma curiosité était à la fois celle d'une amoureuse éperdue de Barrie mais aussi faisait montre d'une circonspection toute linguistique. J'étais, par avance, intriguée par ce "den", tout comme il m'a toujours semblé que traduire "the glen" par "gorge" ou "vallée" était réducteur, car le glen est bien une gorge, mais écossaise, pourvue d'une distinction propre que ne recouvrent pas tout à fait les mots français. Je ne parle même pas des "Fens", qui sont encore autre chose... mais hors du territoire barrien.

    Dans ce mot "den" cohabitent deux choses : une dénomination géologique ou topographique et un symbole bien propre à l'imaginaire de l'auteur James Matthew Barrie, deux versants d'un mot qui se retrouvent dans la définition qu'en donne mon précieux Chambers's Scots Dictionary de 1911 (acquis sur ebay) : une gorge, une vallée, un ravin, "un repaire pour les jeux des petits garçons... Se cacher, se tapir dans un repaire..." Et le mot renvoie à "Dean", qui signifie "une profonde vallée boisée, une petite vallée, un creux où les deux bords du terrain sont en pente.


    Le Glen, en Scots, est... une jonquille !!! Tandis que le Chambers Dictionary of Etymology le désigne dans son sens le plus usuel et large comme "une profonde vallée". Le mot provient de l'écossais, vers 1489. En référence à un lieu nommé Glendew, issu lui-même du gaélique, "gleann", montagne, vallée...




    Quelques occurrences dans son oeuvre, à titre d'exemples, parmi ceux qui comptent double pour moi :

    "I don't know whether you remember, but there were once some children who played at Jacobites in the Thrums Den under Tommy's leadership." (Tommy and Grizel) [Si je vous parle des Jacobites, j'en ai pour un mois...]


    "One night the Painted Lady died in the Den (...)" (Ibidem)


    Et n'oubliez pas qu'il est des fantômes qui hantent le Den... (Chapitre VI de l'oeuvre susnommée)

    "She was still smiling at him, but her eyes were wet now, and she drew him on to talk of the days when Tommy was a boy. It was sweet to Grizel to listen while Elspeth and David told her of the thousand things Tommy had done for her when she was ill, but she loved best to talk with Corp of the time when they were all children in the Den. The days of childhood are the best."

    Oui, les jours de l'enfance sont les meilleurs de tous, y compris lorsque l'enfance fut une pourriture. Tout ceci parce que l'enfance est avant tout un regard que la plupart des adultes perdent ensuite. La plupart mais pas tous... Ceux-là, épargnés, sont à la fois des élus et des exclus. Tout se passe comme si l'enfance essoufflée, vers douze ans, en ouvrant, pour la première fois, ses yeux sur le réel, devenait aveugle. Une seconde paupière recouvre tout à coup le premier regard porté sur l'univers, une paupière que rien ne peut déchirer sinon peut-être un don ou bien une incapacité physique et psychique à vivre dans le monde des adultes. Ces enfants vieux sont des monstres lorsque les adultes les contemplent de biais, n'osant croiser leur vision, car ils auraient honte, sans se l'avouer, d'avoir déserté la scène de leurs émois véritables.



    TO BE CONTINUED...

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  • Je vous préviens.
    Je suis d'humeur sentimentale et je dégouline de bons sentiments. Tout ceci est écoeurant ! Si je pleurais, ce serait assurément une coulée de caramel sur mes joues couleur sucre d'orge. Ma bouche est une fraise Tagada et mes bras sont mous comme de la guimauve. Mon coeur est une pomme au sucre, mais empoisonnée, celle de la vilaine sorcière de Blanche-Neige et mes neurones des Bêtises de Cambrai. Cela promet !
    Vous allez avoir la nausée, je le crains. Je suis encore sous l'effet des drogues puissantes (une dose de cheval) qui m'ont été nécessaires afin d'accepter de monter dans un petit coucou de la British Airways et ma dyslexie revient danser sous mes doigts qui confondent les touches du clavier. Je vous demande du temps à tous afin de vous répondre personnellement.

    Toute cette série écossaise de billets barriens que je vous destine, au fil des jours, est dédiée à mon Mari, à mon Amour, à mon Dieu, au Magicien de ma vie, à l'homme sans qui mon existence serait une erreur (pardon Nietzsche, je vous plagie un peu). Je ne connais personne en ce monde qui soit capable de mettre le monde dans votre main comme il sait le faire si bien pour moi. Il est la beauté et l'innocence de l'univers, la lucidité également. Sa bonté n'en a que plus de mérites. Il est comme Alcide, le personnage de Voyage au bout de la nuit : "il tutoie les anges". Il ne le sait pas, mais il a plus en commun avec James Matthew Barrie qu'il ne le croit et il a apprivoisé le Capitaine Crochet qui, comme chacun le sait, est une mère sans enfant. Ceci, je vous le prouverai un jour.

    Mon voyage m'inspire tout de même la sobriété, malgré mon tempérament de feu et ma propension à ce que mon mari appelle "l'exaltation permanente", et ce que je nomme ma grandiloquence enfantine, car ici le sublime vous pétrifie. Ce n'est ni Kant ni Burke





    "WHATEVER is fitted in any sort to excite the ideas of pain and danger, that is to say, whatever is in any sort terrible, or is conversant about terrible objects, or operates in a manner analogous to terror, is a source of the sublime; that is, it is productive of the strongest emotion which the mind is capable of feeling. I say the strongest emotion, because I am satisfied the ideas of pain are much more powerful than those which enter on the part of pleasure. Without all doubt, the torments which we may be made to suffer are much greater in their effect on the body and mind, than any pleasure which the most learned voluptuary could suggest, or than the liveliest imagination, and the most sound and exquisitely sensible body, could enjoy. Nay, I am in great doubt whether any man could be found, who would earn a life of the most perfect satisfaction, at the price of ending it in the torments, which justice inflicted in a few hours on the late unfortunate regicide in France. But as pain is stronger in its operation than pleasure, so death is in general a much more affecting idea than pain; because there are very few pains, however exquisite, which are not preferred to death: nay, what generally makes pain itself, if I may say so, more painful, is, that it is considered as an emissary of this king of terrors. When danger or pain press too nearly, they are incapable of giving any delight, and are simply terrible; but at certain distances, and with certain modifications, they may be, and they are, delightful, as we every day experience. The cause of this I shall endeavour to investigate hereafter."

    qui me contrediront. L'incandescence fut intérieure et je perdis, un à un, tous mes mots. Je n'ai jamais su parler ; je bafouille ; je bégaie ; l'émotion tire en pelote le léger cheveu déposé sur ma langue et je commets des erreurs grammaticales, etc. Je préfère mille fois écrire, mais me voici démunie de tout en ce lundi, qui est le demi-réveil, en quartier de lune, d'un voyage inachevé. Oui, car je reviendrai, au plus tard dans 3 ans, pour les célébrations autour de J. M. Barrie, afin de jeter mon gant (vous savez sa couleur) à la mégère qui a osé écrire une suite à Peter Pan. Je lui demanderai raison de cette offense.

    Loin de croire connaître l'Ecosse, puisque je n'ai palpé, touché, reniflé et aimé qu'une minuscule partie de ce pays plus vaste qu'il n'y paraît sur une carte d'Europe, et ce, pendant un temps relativement court, je crois néanmoins en avoir saisi l'essence au premier regard. Il m'a semblé revenir au pays de ma naissance, celle qui précède la naissance des mortels, de tous les mortels qui n'ont pas peur de se souvenir. Mon sang coule aussi jaune que celui de Hook et j'en sais la raison.

    Nous sommes arrivés pendant un coucher de soleil sur un loch,




    un peu égarés dans l'immensité verte de l'Ecosse. La nuit était presque tombée. Nous avons cependant trouvé notre chemin parmi les ombres remuantes et sifflantes. Je savais que rien de grave ne pouvait m'arriver une fois les pieds sur le sol de ce pays-là. Je n'ai pas peur des fantômes. Je suis prête à les bercer dans mon giron, à les allaiter avec ma mémoire. Mon mari est le meilleur conducteur au monde et son sens de l'orientation, avec ou sans GPS (nous en avions tout de même un ; prudence est mère de sûreté), est incroyable. La preuve, nous ne nous sommes jamais (involontairement) perdus. Notre lieu de résidence fut exceptionnel. J'en reparlerai, car je dois rendre hommage à ces gens, discrets et efficaces, généreux dans leur silence.


    Le lendemain, notre premier devoir et désir fut de nous recueillir sur la tombe de notre hôte, celui qui avait inspiré ce voyage. Depuis toutes ces années, il était enfin temps de me présenter à mon vieil ami. De son lit éternel, il a une belle vue.









    J'ai cru sentir un instant sa main sur mon épaule gauche dès le moment où j'ai pénétré dans le cimetière sur la colline.




    Instinctivement, je me suis dirigée vers la tombe aimée. Je savais où elle était. Nul besoin de plan. Je courais. Une vidéo trop impudique vous sera scellée, car je crois que je me suis effondrée à ce moment-là, lorsque m'est apparu l'endroit.









    Mon mari est invisible. Il est comme l'épouse de M. Columbo. Mais vous pourrez l'entendre donner le "Clap" ou le "Top" de nombreuses vidéos. J'aurais pu couper au montage ces petites choses, mais je n'en ai pas envie.
    (Petit problème provisoire : il semble PARFOIS que mes vidéos s'arrêtent avant la fin. Soyez patients ou bien allez directement sur DailyMotion. Et, en toute occasion, préférez Firefox ou Safari pour lire mon JIACO.)


    Je ramène de la terre d'Ecosse, de la terre d'une tombe. Une petite poignée. Ceci n'est pas un sacrilège, comprenez-le bien, ni un illégitime et mesquin désir de possession, mais un moyen pour moi d'offrir un fragment de mon voyage à qui m'est cher.

    TO BE CONTINUED...
    A SUIVRE...
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