vendredi 9 mars 2007


"Il est dommage, mère, que je sois aussi petit, dit-il dans un soupir.



- Tu n'es pas ce que j'appellerais un homme particulièrement grand, mais tu es juste de la taille que j'aime.

Même si Margaret n'en était pas consciente, la petitesse de Gavin l'avait affligé pendant toute son existence. "

James Matthew Barrie, Le petit ministre


Lettre de Barrie à Madame Fred Oliver, en date du 21 décembre 1931 (six ans avant sa mort) :

"Six pieds et trois pouces.* (...) Si j'avais atteint cette taille, cela aurait fait une grande différence dans ma vie. Je n'aurais pas eu l'ennui de faire tourner les machines des imprimeurs.** Mon seul but aurait été de devenir le favori de ces dames - ce qui, entre vous et moi, a toujours été mon ambition malheureuse. Les choses que j'aurais pu dire si mes jambes avaient été plus longues ! Lisez ceci avec des pleurs amers (...)"

Justement, Mary Ansell, la femme qu'il s'apprêtait à épouser mesurait cinq pieds, comme lui.

Mais, deux jours avant son mariage, il écrivit dans l'un de ces fameux carnets ce qui suit :

"Notre amour ne m'a rien apporté sinon la souffrance. "
"Comment ? Devons-nous vous instruire des mystères de l'amour [physique] ?"

Le problème était, par conséquent, plus complexe.
Et l'on connaît, hélas, la triste fin de cette histoire sans suite, dont on trouve écho dans l'épilogue de Tommy et Grizel :

"Elle survécut si longtemps à Tommy qu'elle avait atteint un certain âge quand elle mourut. Ce que Dieu trouvera le plus dur à lui [à Tommy] pardonner, je pense, est que Grizel n'eut jamais d'enfants." (La phrase en italique fut supprimée, vraisemblablement à la demande de Mary devenue Madame Barrie)


* Un pied équivaut à 0,3048 m et un pouce à 2,54 cm.

** Truisme que je m'empresse d'énoncer. Personne n'écrit jamais sans une carence (identifiée ou non, mais très souvent affective), même si tous ceux qui ont subi ce défaut x ou y n'en viennent pas, heureusement pour eux, à s'infliger la torture d'écrire. Le paradoxe est que ce manque ressemble au tonneau des Danaïdes.



On peut bien trouver ensuite le bonheur ou ce qui lui ressemble le plus, on n'en oublie pas pour autant que l'on n'est pas entier, comme si on avait été marqué à la naissance de quelque terrible et indélébile distinction. Et l'on écrit par dessus l'inscription fatale pour rendre illisible le motif premier.


Traduction Holly G. aka C.-A. F.
Illustrations : BERNARD PARTRIDGE pour Tommy and Grizel et John Waterhouse.


(Pour Fauna, qui comprend tout.)

*************
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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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