jeudi 15 février 2007
Il me paraît évident, encore plus aujourd’hui que jamais, que les raisons de mon attachement extrême à Cary Grant, aussi bien qu’à James Matthew Barrie, tenaient autant à des faits d’abord inconscients qu’à la valeur intrinsèque de ces deux gentlemen d’exception.

En effet, je les ai aimés, par leur œuvre respective, bien avant de connaître leur vie. Comme si j’avais trouvé, en eux, en aveugle, la source éternelle de leur sensibilité. Les enfants tristes sont mes petits frères, à défaut d'êtres mes enfants. Je déteste d'instinct les gâtés de la petite enfance, car je sais que la majorité d'entre eux seront des adultes sans états d'âme. Cary et Jamie. L’un et l’autre ont eu un rapport singulier - de manque - à leur mère. Tous deux ont également perdu un frère, ce qui causa une fêlure psychologique chez la femme auteur de leurs jours. Les coïncidences ne s’arrêtent pas là. More to come. To be continued… As soon as maybe… « Je ne me révélais pas être un petit garçon modèle. Cela me déprimait d’être sage, du moins selon la conception que les adultes se forgeaient d’un bon petit garçon. Et puis rien n’allait comme il fallait autour de moi. La première guerre mondiale était sur le point d’être déclarée et les relations entre mon père et ma mère semblaient se dégrader avec constance. Mon père, fatigué, ne rentrait à la maison, à la fin de sa journée de travail, que pour se mettre au lit de bonne heure. Puis, un week-end, alors que je rentrais de l’école, ma mère n’était plus là. Mes cousins me dirent – ou plus exactement une enquête me conduisit à le croire - qu’elle était partie dans un lieu de villégiature, au bord de la mer. Cela semblait plutôt inhabituel, mais j’acceptais ceci comme un exemple de ces trop nombreux comportements étranges que les adultes étaient enclins à adopter. Cependant, alors que les semaines passaient et que ma mère ne rentrait pas, il germa peu à peu en moi l’idée qu’elle ne reviendrait jamais. Mon père semblait entretenir une correspondance avec elle et, toujours, il me disait qu’elle m’adressait tout son amour. Bien sûr, je lui disais de lui envoyer le mien. Il y avait un vide dans ma vie, une tristesse dans mon esprit qui affectait chacune des activités quotidiennes auxquelles je me consacrais afin de la vaincre. Mais il n’eut pas de plus amples explications pour justifier l’absence de ma mère et, progressivement, je m’habituais à l’idée qu’elle ne serait pas à la maison quand je rentrerais. Rien ne semblait davantage laisser croire que son retour était attendu. Longtemps après, j’appris qu’une dépression nerveuse l’avait conduite dans une institution spécialisée, non loin de chez nous, dans un endroit calme, afin qu’elle se rétablît. Je ne devais pas revoir ma mère pendant plus de vingt ans. Mon nom avait changé, j’étais un adulte désormais, je vivais en Amérique, à des milliers de miles, en Californie. Les gens, dans le monde entier, connaissait mon nom et mon visage, mais pas ma mère. Ce n’est que récemment que j’eus un indice des raisons pour lesquelles ma mère s’était repliée sur elle-même. Quelques années avant ma naissance, mes parents avaient eu un autre enfant. Leur premier né. Un garçon qui, hélas, mourut de convulsions quelques mois seulement après sa naissance. Ma mère, appris-je, était assise près de son petit lit de bébé, de jour comme de nuit, l’aimant, prenant soin de lui et priant, jusqu’à l’épuisement. Une nuit, après que le docteur lui eut ordonné de se mettre au lit pour quelques heures, car elle était sur le point de s’effondrer, son bébé mourut pendant qu’elle dormait. Peut-être qu’un tel choc, le refoulement d’un tel souvenir, fut la cause de son retrait ultime du monde. » Cary Grant - Traduction Holly aka C.-A. F.
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    Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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