mercredi 26 juillet 2006
Tournage dans un jardin anglais réalisé par Michael Winterbottom. Le titre anglais est tellement plus explicite qu'il est dommage de ne pas le citer :
  • A Cock and Bull Story
Ma (fausse) pudeur m'interdit presque de traduire ce qu'un simple dictionnaire vous dira, puisqu'il s'agit de l'anatomie masculine ainsi exhibée en larges lettres. Bien entendu, il est possible de concevoir l'autre sens (premier et bienséant) de l'expression : "une histoire abracadabrante". Tristram Shandy est un roman que j'adore. L'édition française, en Garnier-Flammarion, est très bien annotée, car c'est souvent le cas. Il me réjouit toujours par son audace, son caractère mutin et facétieux, son intelligence et ses secrets - car il en possède beaucoup, je le sais. Vous imaginez bien, pour ceux qui l'ont lu, que le roman est inadaptable, puisqu'il n'est que digressions en sarabande. La simple naissance du héros dure pendant plusieurs livres ! Le réalisateur, qui est aussi le scénariste sous un nom d'emprunt, a adopté une excellente et brillante solution pour remédier à la difficulté : raconter le tournage de cette impossible mise en images ! Ainsi, nous plongeons toujours plus loin dans diverses mises en abyme : des scènes du roman prétendument adapté, les digressions des comédiens, leur vie personnelle en dehors du tournage. La nuit américaine de Truffaut transpercée par des saillies qui clignent comme celles des Monty Python, et l'on joue à faire du pied ici et là (et du plat également) à l'industrie cinématographique et télévisuelle. Le propos est réjouissant et très malin. Je ne prétendrai pas qu'il s'agit là d'un très grand film mais sans conteste c'est un bon film qui mérite l'attention du spectateur et je gage que vous rirez et serez ravi, y compris si Tristram Shandy est votre livre de chevet. Rien n'est trahi. La célèbre page noire du roman y est, à sa façon, reproduite... Si Michael Winterbottom n'a pas autant d'esprit que Laurence Sterne - et qui aurait le front de le lui reprocher ? - il lui rend pourtant un hommage sans faille en étant digne de sa fantaisie. Et, pour mettre un point final à ce propos miniature, relisez donc Jacques le fataliste de Diderot et vous constaterez ce que chacun sait : l'encyclopédiste l'a plagié ouvertement et avec bonheur.
  • La fille à la valise de Valerio Zurlini Parisiens ! Profitez ! Deux films de Zurlini sont remis à l'affiche : La fille à la valise

(à l'Arlequin, dans le VIe) et Eté violent (toujours dans le VIe, au Saint-Germain-des-Près entre autres salles, que je n'ai pas eu le temps de voir, hélas...). Moins innocente que Holly Golightly* , le personnage de Claudia Cardinale, est difficile à saisir au vol. Est-elle une ingénue, pourrie au coeur malgré elle, ou une calculatrice de sang-froid, désinvolte et cruelle par inattention, qui anesthésie le coeur d'un jeune homme qui aime, vraisemblablement, pour la première fois ? Toute l'habileté du cinéaste est de ne pas répondre tout à fait à cette question et de faire de notre jugement une girouette. Probablement que rien n'est aussi simple à décider dans l'existence. Longtemps, j'ai vu la vie en noir et blanc, en une dichotomie serrée et aiguisée, quand tout le monde me répétait qu'elle était grise. Hélas, mes propres fautes m'ont conduite à fraterniser avec ceux que je méprisais de ne pas savoir choisir leur camp... Et j'ai pris la couleur de la cendre et de la poussière qui m'effrayait tant et j'ai failli. Pan ! Mais jamais je n'ai accepté cet état de compromis. Probablement ai-je, là encore, succombé à cette illusion qui s'empare de tous ceux qui blanchissent paradoxalement leur conscience au contact de la noirceur étalée et striée de ce qu'ils pensent être la norme. Cette conscience de la pureté est l'indice de ma déchéance, de la vôtre peut-être (sûrement, hélas), et le symptôme de mon échec. L'innocence ne se pense pas. Tout comme l'amour et le temps qui se détruisent dès qu'on les serre de trop près. Il faut la distance d'une forme d'inconscience bénie des dieux. "L'inexpérience est ce qui permet à la jeunesse de réaliser ce que la vieillesse sait impossible" disait Tristan B. Je suis persuadée que le premier amour
est celui qui va donner la forme au suivant- qui ne devrait peut-être pas exister car il nous rend définitivement mortels s'il n'est pas totale rédemption. Cette matrice du jouir et du pleurer est le squelette sur lequel viendra se greffer, lambeau après lambeau, les fruits du remords et de la chance, de l'impuissance et de la grâce. Pauvre enfant, qui sait bien qu'il n'est pas l'homme de la situation, comment pourras-tu aimer aussi bien dès lors ? La dernière image du film, lorsque l'angelot Perrin tend une enveloppe à la très jeune Claudia Cardinale et que la fausse ingénue demande s'il s'agit d'une lettre, il répond par l'affirmative. Précédemment, elle avait posé la même question, mais l'on comprenait qu'elle espérait de l'argent. Il lui avait dit qu'il s'agissait de billets, ne trouvant pas indélicat de l'aider aussi franchement. La vérité ne pouvait offenser puisque le coeur qui l'exprimait était pur et s'offrait à un autre coeur supposé aussi beau. Ici, elle réitère la question. Il répond cette fois qu'il s'agit d'une lettre. Il part. Elle ouvre le rectangle de papier qui ne contient que des billets. Son regard est triste. Le jeune homme a menti. Il a appris cette délicatesse qui, finalement, est offense et chute. Ce film m' a attristée parce qu'il dit trop bien ce que nous sommes. La sincérité n'est blessante que lorsque notre lâcheté nous a trop bien appris la politesse.

  • L'argent de la vieille (1972) - Lo Scopone scientifico est typique de la comédie italienne : exubérance, bavardage, hystérie collective et privée, humanité. Un des meilleurs films de Comencini selon moi !

Bette Davis, les dents jaunies par les ans, blanchie à la peinture satinée, est redoutable dans cette chance qu'elle étrangle d'une main de fer et qu'elle refuse de laisser aux autres. Joueuse de gros calibre, elle détruit sans pitié et avec le sourire un couple de chiffonniers qui pensent avoir moyen de la plumer, d'année en année. En vain. La couple Bette Davis et Joseph Cotten n'est pas sans rappeler celui incarné par Gloria Swanson et Erich von Stroheim dans Boulevard du crépuscule... Est-ce le destin du jeune Perrin évoqué plus haut ou bien se transformera-t-il en Lovelace ? La chute est un régal, facile à prévoir. La morale est que les enfants ont horreur de l'injustice. Et qu'ils sont de petits dieux, prêts à tout pour rétablir ce que la chance ou l'arbitraire leur vole ! * En 2005 est sorti un roman inédit de Truman Capote, retrouvé par hasard dans une boîte en cartons, qui annonce la nouvelle Breakfast at Tiffany's ! Il s'agit de ceci :
Je n'ai pas encore lu, puisque je l'ai acheté à Venise, mais je suis ivre de cette découverte. Je vais attendre pour le déguster. J'ai d'ores et déjà un programme de lecture concocté par Gaëlle.

J'ai acheté une vieille revue et j'ai trouvé des clichés qui m'inspirent. J'ai envie de partager mon enthousiasme. 
G.B. Shaw, une sacrée langue de pute (pardonnez l'expression facile et grossière mais qui correspond à la réalité, bien que lesdites langues doivent être plus généreuses que la sienne !), un esprit brillant, que j'aime et déteste à la fois... Sa nécrologie de Barrie (que je vais traduire pour le site de Barrie - je me remets en marche...) comporte à la fois des mots sublimes et une certaine incompréhension, que j'ai du mal à lui pardonner, car elle me paraît inspirée par un manque de tendresse.
Une Jane Eyre... Je ne sais pas qui est cette jeune femme qui prend la pose. Je lance une enquête...
De quelle Alice s'agit-il ? Celle du film de 1933, dans lequel joue Cary Grant ? [Je crois avoir trouvé ce film très rare et être en mesure de proposer des extraits ici même ! ] Peu probable puisque les photographies de Charlotte Henry ne semblent pas conduire à cette conclusion... Mais qui est-elle ? Dites-le, je vous en prie !

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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