lundi 12 juin 2006
Robert Vaughn (éternellement associé dans mon esprit à cette série

Illya Kullyakin (le blondinet, un agent russe, interprété par David Mc Callum) et Napoléon Solo (Robert Vaughn, le brun ténébreux, l'agent américain)...

que j'adorais, lorsque j'étais enfant, Des agents très spéciaux - The man from U.N.C.L.E.), impeccable dans ce rôle d'homme un tantinet psychorigide et cynique se heurte au solitaire et noble Lieutenant Bullitt
(Steve McQueen) dans une affaire compliquée de substitution de témoins.

La musique lancinante est de Lalo Schiffrin, bien connu du grand public pour son célèbre générique de la série Mannix.

mannix.
La bande originale du film colle à l'image comme un morceau de scotch qui ferait tenir ensemble les divers morceaux d'une image.
Bullitt est l'antithèse de l'Inspecteur Harry. Bullitt ne parle pas, Bullitt ne brasse pas du vent, Bullitt ne casse pas les portes et ne flingue pas tous azimuts. Bullitt marche lentement, il rigoureux et économe de ses actes mais il va droit au but. 
Steve McQueen paraît ressentir une immense douleur intérieure, une compassion muette qui ne peut s'exprimer que par le devoir auquel il est enchaîné. Sa compagne, Jacqueline Bisset, semble être heurtée par cette apparente froideur, mais la fin du film laisse présager de sa part une meilleure compréhension de l'homme.

Karl Malden est magnifique dans ce rôle, qui me rappelle celui qu'il joue dans Baby doll d'Elia Kazan : un homme, qui a épousé une femme trop jeune pour lui, une trainée en qui il veut voir un ange, qui attend d'elle de l'amour, quand celle-ci n'aime que la perte des hommes qui s'amourachent d'elle. Tout se passe comme si elle éprouvait un mépris, qu'elle ne s'avoue peut-être pas à elle-même, pour ceux qui ont la faiblesse de l'aimer, car elle-même ne s'abaisse pas à éprouver de l'amour. Ni pour elle ni pour les autres. Jusqu'au désir de cette femme, tout en elle semble feint. Seul le goût du sang lui est authentique.

Dans les deux cas, Malden va sombrer. Ici, la chute tient à une fraction de seconde, à une hésitation qui lui fait perdre son honneur, car un salopard saisit au vol cette faiblesse.
Une très belle idée exprime le caractère vicieux de ce ce vampire féminin, qui se délecte autant des combats de coqs que ceux des hommes, est offerte au début du film. Elle retaille les pièces d'un puzzle afin que celles-ci s'emboîtent les unes dans les autres. La perversité de cette femelle est dite magistralement. Et Malden de la sermonner et de lui exprimer son dégoût de la triche... alors qu'il va bientôt être acculé à cette honte.

Un enfant ne serait pas assez dénaturé pour tricher de la manière brutale de ce monstre auburn au sourire carnassier, car les petites personnes savent bien que tricher, c'est tenter de se tromper soi-même et se condamner à une impossibilité.

Je me plais à savourer une rétrospective Steve McQueen at home, en 7 films. Ce bel acteur, dont les yeux et les mouvements faciaux parlent autant sinon plus que sa bouche, est de la trempe des Clint Eastwood (et vice-versa). Seul un Delon* (ne serait-ce que dans le superbe Samouraï), en France, me paraît à la hauteur de ces hommes.
Mon choix s'est dessiné de la sorte :
* Bullitt (1968) de Peter Yates.
* The Getaway (1972) : un des mes films préférés, par le sulfureux Sam Peckinpah, avec Ali MacGraw. Une échappée dangereuse et palpitante.
* Never So Few de John Sturges (1959).
* Papillon de Franklin J. Schaffner (1973).
* Tom Horn (1980).
Et bien sûr L'affaire Thomas Crown (1968) de Norman Jewison - oubliez Pierce Brosnan (pourtant séduisant mais bien trop glamour pour l'être réellement) et le remake.
Aujourd'hui, me prend l'envie de parler avec hâte de Cincinnati kid.
Un classique à l'état pur. Une manière de perfection si l'on juge à l'efficience. Les nerfs du spectateur sont tendus. J'ai ressenti ce trouble dans les casinos, où l'on ne combat que soi, finalement. Le jeu est une métaphore de l'existence humaine. Nul besoin d'invoquer Eugen Fink et son livre brillant pour ressentir l'évidence du propos. Les cartes sont le destin, mais un destin que l'on croit pouvoir maîtriser et modeler puisqu'on le tient entre les mains. Erreur ! Le jeu n'est qu'une circonstance à l'intérieur de circonstances plus grandes.

Le jeu est aussi un suicide différé.

Ce film est l'une des matrices du genre.

La réalisation de Norman Jewison est d'une efficacité redoutable dans sa sobriété même et sa précision chirurgicale. Le prélude constitué par un générique en forme de marche funèbre : un enterrement noir américain, en fanfare, est une introduction sensible qui donne la couleur et le ton du film. La demi-teinte. Tristesse et gaiété, l'une dans l'autre.

Les dialogues sont vifs, plutôt coupants, et Steve McQueen est parfait dans ce son rôle d'homme solitaire, qui parle peu, qui agit selon des principes froids et nobles, et qui n'encourt pas moins une forme de perte de lui-même.
Je vous propose quelques extraits.

Ici, le jeune ange qui s'est épris de cet homme, peu enclin à communiquer des sentiments pourtants réels, lui demande ce qu'elle attend de lui, puisqu'elle décide de partir tout à coup. Il suggère qu'elle aimerait le mariage - tel est, bien évidemment, le cas. La question est brusque -un instant le visage de la jeune fille exprime l'espoir puis celui-ci meurt sans mot dire - et n'appelle pas de réponse.

Elle part.

Elle voudrait qu'il la retienne.

C'est toujours la même histoire.

* Alain Delon et Mireille Darc devraient jouer au théâtre, en 2007, Sur la route de Madison...

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