vendredi 9 juin 2006
Je suis plongée avec délectation dans la biographie de Lewis Carroll par Derek Hudson. J'ignore si elle fut traduite en français. Je gage la négative. J'y retrouve des choses connues et je découvre de charmants détails. Saviez-vous que Saki avait écrit une satire poltique en s'inspirant d'Alice ? Probablement tout n'est-il pas exact, mais cette biographie compta beaucoup en son temps, et encore de nos jours. Je ne suis guère loin de Barrie, lorsque je m'intéresse à Carroll. Il me semble même que leurs portraits croisés produisent en moi une étincelle de lucidité quant à leur art si particulier. Leurs esprits sont cousins en bien des points, il est mêmes des coïncidences et des concordances, et je crois que je vais écrire un petit essai à ce sujet... Non, je ne le crois, je le sais pertinemment, puisque mon Moleskine commence à germer d'idées ! J'ai d'ailleurs décidé de consacrer à Carroll une part de mon forum Barrie, désormais actif, et qui a l'honneur de compter parmi ses premiers inscrits, Robert Greenham, auteur d'un livre aussi charmant que documenté sur un fragment de la vie de Barrie. Sa grand-mère fut gouvernante, un temps, des Barrie et il nous raconte, à travers les yeux de sa grand-mère (ou les siens !) un peu de leur vie... et il émet des hypothèses très intéressantes sur un certain nombre de points, dont l'origine du Capitaine Crochet (je connaissais deux ou trois sources auxquelles s'abreuve ce sinistre personnage, mais celle qu'il a découverte m'a ébahie)... J'en dirai plus sur la page que je vais consacrer à son livre. Il a même corrigé certaines de mes petites erreurs (des dates ; par exemple, Margaret Henley n'avait pas six ans mais cinq ans et cinq mois à sa mort, certificat de naissance à l'appui) : j'ai encore beaucoup à apprendre sur et de Barrie... Je suis une néophyte. Mais l'objet de ma visite du jour sur ce JIACO est Lewis Carroll. A la fois romancier, fantaisiste au quotidien, inventeur d'objets délirants et utiles (un nyctographe), photographe, peintre et dessinateur, célibataire endurci et excentrique. Il me donne l'élan, le feu sacré pour oser vivre au-dessus de mes moyens (intellectuels et artistiques). Whimsical est le mot anglais qui caractérise Barrie et Carroll et que l'on peut traduire par fantasque, mais il recouvre plus de sens selon moi. J'aurais tant aimé recevoir des lettres écrites en écriture inversée, qu'il faut placer devant un miroir pour les déchiffrer. Les petites filles amies de Carroll avaient bien de la chance, n'est-ce pas ? Je vous recommande vivement cette biographie écrite par son neveu : http://www.gutenberg.org/files/11483/11483-h/11483-h.htm rédigée à la demande de ses frères et soeurs. Elle est abondamment illustrée et plutôt fiable. Je l'ai commandée en occasion et escompte la recevoir prochainement. Autres liens : http://www.philobiblon.com/isitabook/games/ http://www.lewiscarroll.org/carroll.html P.S. : l'album de la Pléiade dédié à Carroll est exquis.
http://www.dailymotion.com/misshollygolightly/video/240018
Il pourrait constituer le dernier bouton de ce bouquet de roses hivernales. Si je devais, pour une raison ou une autre, mettre un terme à ce JIACO, un billet de cette nature ferait l'affaire en guise d'adieu.
Nous n'en sommes pas là.
Scorsese est un de mes cinéastes fétiches. Il ne s'est jamais limité à une forme d'expression, à un genre cinématographique défini. Il n'a pas de genre, à vrai dire. Il est au-delà de ce qui peut apparaître soit comme une mesquinerie soit comme une impossibilité ou un aveu d'impuissance. Mais il possède mieux que ça : un style, qu'il s'exprime dans des oeuvres de vaste envergure cinématographique, pleines de bruit et de fureur, tel Gangs of New York ou encore Aviator, ou dans des oeuvres plus dures et intimistes, avec un esthétisme moins affirmé mais tout aussi prégnant, tel ce film-ci. Le fil conducteur, s'il faut le tirer, serait peut-être une forme de violence sourde à l'égard de soi et des autres, une tristesse existentielle et une solitude (urbaine dans ce film). Scorsese est un passeur. Il suffit pour s'en convaincre de regarder son magnifique voyage à travers le cinéma américain et italien.
J'ai découvert Taxi driver, après mon voyage à New York, qui fut la grande Aventure de ma vie jusqu'à ce jour, car je n'ai rien d'un globe-trotter. J'ai horreur de bouger ; cela tient quasiment de la pathologie. Mais ce ne sera pas la dernière plongée ou contre-plongée hors de mes frontières intimes. J'ai le sentiment qu'il faut se faire violence malgré ses faiblesses. Les miennes sont chroniques. Est-ce pour cette raison que je comprends si bien le héros auquel De Niro, ce génie acteur, donne vie et presque mort ? L'empreinte de l'Etranger de Camus ou de la Nausée de Sartre dans ce film est flagrante. Absurdité du monde et des êtres qui sont sourds au mal-être "des gens". Paul Schrader avait lu ces deux livres, suite à une déception sentimentale, qui lui avait fait arpenter, de nuit, les rues de New York. Tout le monde sait que les chagrins d'amour sont de mauvais gardiens pour le sommeil ; le bonheur, lui, est un bouffeur d'insomnies. Le héros de ce film n'existe pas. Il se contente de vivre, de se déplacer d'un lieu à l'autre, dans la solitude et la violence urbaines d'une ville glauque, qui attend le crépuscule pour révéler son visage le plus sinistre. Il se veut aussi sourd ou absurde que le monde qui l'engloutit sans mot dire. Mais il se met en tête d'être amoureux. Mais il est gauche avec la jeune femme, qui le repousse, quand il l'emmène sans conscience de sa maladresse - habitué à la brutalité du monde qui l'habite et qu'il habite tout autant - dans un cinéma porno.
Cette rupture va le faire vaciller.
Le personnage est impossible à cerner si on cherche ses raisons. Il n'en a pas. Il est absence mais refuse de toutes ses forces ce vide. Sa cohérence tient à sa folie, qui n'est qu'excès de lucidité et qui le conduit nulle part.
Glauque.
Pour une fois, cet adjectif sera employé à bon escient. Glauque ne signifie pas, en premier lieu, la noirceur misérable et angoissée des bas-fonds mais la couleur de la mer. Pourtant cette ville est glauque par la marée humaine qui vient heurter son taxi jaune. Toute cette pourriture humaine - telle que la qualifie le narrateur-, de prostituées, de dealers, de gangsters, etc. est verte. Le préambule du film est magnifique et le discours intérieur du narrateur saisissant. On ne peut qu'être en état de choc. La voix de De Niro et la musique de Bernard Hermann (mort juste après avoir achevé cette partition) se mêlent pour former la plainte monotone du monde.
Ce film est un monologue même lorsqu'il est dialogue. C'est un long suicide qui ne prend pas fin. Les dernières images du film sont une illustration possible du Mythe de Sisyphe de Camus. Il faut imaginer Sisyphe [remplacer par le nom qui vous agrée] heureux."
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"En ce moment même - c'est affreux - si j'existe, c'est parce que j'ai horreur d'exister. C'est moi, c'est moi qui me tire du néant auquel j'aspire : la haine, le dégoût d'exister, ce sont autant de manières de me faire exister, de m'enfoncer dans l'existence. Les pensées naissent par derrière moi comme un vertige, je les sens naître derrière ma tête... si je cède, elles vont venir la devant, entre mes yeux - et je cède toujours, la pensée grossit, grossit, et la voilà, l'immense, qui me remplit tout entier et renouvelle mon existence. " (Sartre, La Nausée)

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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