vendredi 12 mai 2006
Je débute avec ce billet, la rapide (et vilaine) traduction d’un échange épistolaire entre Stevenson et Barrie. J’ai neuf pages format Word, interligne simple, en ma possession.
Ensuite, Je traduirai l’article parodique de Punch mettant en scène Barrie, puis les deux pastiches holmésiens de ce dernier.
En espérant que ce choix et ce programme des prochains billets agréeront mes aimables lecteurs.
Je serai de retour lundi ou mardi.
Je vous souhaite à tous et à toutes un splendide week-end.

  • Première lettre :
Lettre à James Matthew Barrie, Vailima, Samoa, février 1892

Cher Monsieur Barrie,

C’est au moins la troisième lettre que je vous écris, mais ma correspondance a la fâcheuse tendance à ne pas atteindre le bureau de poste. Ma part d’humanité s’évanouit face au labeur requis par la rédaction d’une adresse sur une enveloppe, mais j’espère avoir plus de chance avec celle-ci. En effet, au-delà de l’usuel et fréquent besoin de vous remercier pour votre œuvre, vous êtes l’un des quatre coins contre lesquels je me cogne depuis que j’ai mon propre coin à regarder, et il n’y a aucune raison – à moins que ce ne soit les mystérieux flux et reflux de la marée, qui font et gâchent et tuent le travail des pauvres écrivaillons – pour que vous ne soyez pas un artiste de premier ordre. Les marées ont emporté ma phrase, mais de toute façon j’en étais las... Et, comme nous sommes entre écrivains, je m’autorise la liberté de la laisser en souffrance. De plus, nous sommes tous les deux Écossais et je nous soupçonne de l’être beaucoup. Le fait que, moi-même, je sois Écossais me conduit à l’intermittence, mais parfois cela mène à l’érysipèle - si ce mot doit être correctement épelé. Récemment, j’ai réalisé que nous avions fait tous les deux notre apprentissage dans la cité des vents [Londres], notre virgilienne cité grise, et je tiens cela pour un autre lien entre nous. Aucun lieu ne marque à ce point un homme. Finalement, je me sens comme un devoir de vous faire part de mes progrès. Il se peut que je fasse erreur mais je crois avoir reconnu votre tour de main dans un article [lequel ?] – il s’agit peut-être d’une illusion, c’est peut-être l'un des ces diligents insectes qui attrapent et reproduisent le tour de main de chaque homme de lettre naissant, mais je persévère à espérer que c’était votre travail. Je me plais à croire que cela vous fera plaisir d’apprendre que la suite de mon roman, Enlevé ! [Catriona], est en cours. Je n’en suis pas encore arrivé à parler d’Alan [un des personnages d'Enlevé !] - ainsi je ne sais pas s’il est encore en vie - mais David [personnage principal dudit roman] semble avoir plus d’un tour dans son sac. J’étais content de constater que la théorie anglo-saxonne s’est fourvoyée. J’ai donné à mon jeune homme des Basses-Terres un nom gaélique [relatif au nord de l'Écosse, les Hautes Terres ou Highlands], et j’ai même fait des commentaires à ce sujet dans le texte. Pourtant, la plupart des critiques ont reconnu en Alan et David un Saxon et un Celte. Je ne sais pas ce qu'il en est en Angleterre, mais en Écosse, au moins, où le gaélique est parlé à Fife depuis un peu plus d’un siècle et depuis guère plus longtemps à Galloway, je réfute le fait qu’il existe une chose telle qu’un pure Saxon et je pense qu’il est plus que discutable qu’il existe un pur Celte. Mais qu’avons-nous à faire de tout cela ? Et qu’en ai-je à faire ? Continuons à graver nos bouts d’histoires et laissons aux barbares leur fureur !


Bien à vous,


Avec mon sincère intérêt quant à votre carrière,


Robert Louis Stevenson
Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, car Stevenson est mort avant.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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