lundi 6 mars 2006
À l'invitation d'une lectrice, je me plie à son jeu et me mets en devoir de révéler six vérités farfelues concernant ma personne : 
- lorsque l'on manifeste une quelconque bienveillance face à certains de mes "talents", je me méfie tellement que j'ai tendance à croire que l'on se moque de moi et, si le tendre jugement persiste et se révèle sincère, je me réfugie dans l'idée que l'âme charitable manque de clairvoyance et se fourvoie ; partant, son opinion devient caduque ; 
- je suis, par excellence, un esprit illogique, donc j'ai fait de très longues études de philosophie (si l'on songe que la logique est le nerf de guerre de l'argumentation...) et j'ai décidé, tout naturellement, de devenir traducteur littéraire... Je persiste à croire que la voie la plus courte est le zigzag ; 
- à propos de traduction, je suis un traducteur kleptomane, à l'instar de Dezsö Kosztolányi ; 
- je procrastine, donc je suis toujours en retard, ce qui m'incite à procrastiner toujours davantage, car je ne travaille bien que dans l'urgence ; 
- je suis tellement perfectionniste que j'attends de mourir afin de commencer à vivre ; c'est un peu faux mais la formule me plaît plus que l'effeuillage psychique ;
- la sincérité me conduit souvent à me mentir à moi-même, car je suis la seule à pouvoir déguster en gourmet mes fictions ; 
- ayant un esprit rebelle, procastinateur et illogique, je prends un malin plaisir à faire le contraire de ce qui est attendu, et je révèle ici sept idées farfelues au lieu des six escomptées ; rien ne vaut un règlement brisé, car la triche est mon passe-temps.

J'aime les facteurs, surtout lorsqu'ils ont le bon goût de m'apporter de jolies pièces pour mon musée personnel ! Aujourd'hui, une photographie certifiée d'époque (1930)

de James Matthew Barrie et de la duchesse d'York, suite à une représentation de sa pièce, What Every Woman Knows (Ce que chaque femme sait)... Que sait-elle donc, la femme ? Que, derrière tout homme, il y a une femme qui aide cet homme à gravir les marches du succès, mais que cette femme sait lui laisser croire qu'il est parvenu seul au faîte. Tel est le sens de la pièce de Barrie susnommée.
"Combien de fois l'homme dévia-t-il de la route qu'il était censé suivre à cause du rêve d'une femme ? Ainsi fut créé l'homme : pour avoir faim d'un idéal qui le dépasse, jusqu'au jour où la magie est dans l'air, lorsque les yeux d'une fille se posent sur lui. Il ne sait pas qu'il l'a élue, oui, lui et personne d'autre : si la fille est aussi pure qu'il l'est, leur amour est l'une des formes de l’idolâtrie qui n'est pas tout à fait ignoble. C'est l'union de deux âmes dans leur chemin vers Dieu. Mais, si la femme est mauvaise, l'épreuve de l'homme se révèle lorsqu'il s'éveille de son rêve. Plus noble était son idéal, plus long sera ce chemin tortueux. Pour ceux qui ne courent qu'après de petites choses, il ne sera pas trop long. Son amour peut maintenant sombrer dans la passion : peut-être seulement ternir ses ailes et s'élever de nouveau, peut-être se noyer."

J'ai mis la main sur cet ouvrage indispensable
pour un prix ridicule. Je l'avais lu et compulsé en bibliothèque, au début de ma passion pour l'ère victorienne, il y a quelques années. Qui veut déchirer la doublure de ce siècle aux dessous plus que douteux doit se plonger dans cet essai, qui se déguste comme un élégant roman de cette époque. L'horreur est de mise. Le sang coule noir et épais. Ceci vaut bien quelques penny dreadfuls... Vous connaissez certainement ces mauvais livres imprimée sur du papier médiocre, qui ne coûtaient que le prix de leur nom et qui relatait des histoires affreuses ; la littérature populaire (dans le mauvais sens de l'expression, quoique...) était née. Aujourd'hui, on peut goûter sans risque véritable cette nourriture indigne. La patine des siècles lui donne un charme fou. On y apercevra un faux reflet de la grande littérature de l'époque. Surtout celle de Dickens, où le marchandage des cadavres, par exemple, ne passe pas complètement inaperçu... La littérature victorienne, peut-être plus qu'aucune autre, doit être mise en perspective par la connaissance de son contexte. Celui du Londres du XIXe siècle est aussi trouble que l'eau glauque de la Tamise.

Mon week-end parisien fut enchanteur, comme de coutume, puisque je me nourris de la substantifique moelle des plaisirs de la capitale, qui se réduit pour moi à trois arrondissements : tournée de mes librairies du VIe arrondissement (dans l'une d'entre elles, consacrée au cinéma, j'ai discuté avec la propriétaire, admiratrice d'Audrey Hepburn, qui s'affola en constatant que mon adresse électronique exprimait ma dévotion à la divine Audrey ! Elle crut bon de me préciser qu'elle rédigeait un livre sur l'actrice. Hélas, je dus partir, car un train m'attendait, et n'eus le loisir de prolonger cette conversation..), recensement de mes cantines et cafés habituels, promenade dominicale sur les quais et chez les bouquinistes (j'ai enlevé un petit trésor dont je parlerai dans un prochain billet). Le week-end n'aurait pas été complet sans un divertissement qui n'avait rien de pascalien. J'ai eu le bonheur d'assister au récital d'Alain Souchon.
L'Olympia
était comble comme prévu. Des malheureux faisaient le trottoir dans l'attente d'un billet... Ce petit gamin rachitique est généreux sur scène. Son ironie mordante passe presque inaperçue tant son allure d'enfant moqueur dissimule les piques qu'il lance ; il ne se trompe pas de cible. La grande messe des Victoires de la musique en a pris pour son grade, lorsqu'une équipe est venue pendant le spectacle mais, visiblement, personne n'a compris son propos acidulé... et tout le monde était content. Il a fait un tabac. Les minets d'aujourd'hui ne sont pas à sa hauteur. Ce grand dadais de soixante berges est l'un des derniers chanteurs qui bat le briquet avec mon coeur. Sous des dehors simplicistes, voire naïfs, il chante une prose étudiée et chavirée, qui dit les tourments dérisoires et tragiques de nos âmes étriquées. Souchon est la complexité travestie en facilité. Sa mélancolie, ses sourires désabusés que l'on entend dans ses mélopées, sont la berceuse de mon mal de vivre. Il habille mes pensées secrètes. Haute couture. J'ai pensé à Truffaut lorsqu'il a interprété L'amour en fuite, générique du film bien connu... S'il savait...

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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